Titre : | Père et institution de soins |
Revue : | Bulletin Myoline, 57 |
Auteurs : | Renault M |
Type de document : | Publication AFM |
Année de publication : | 2001 |
Pages : | p. 2 |
Langues: | Français |
Mots-clés : | comportement ; enfant ; établissement spécialisé ; père ; personne handicapée ; psychologie du handicap ; relation parent enfant |
Résumé : |
Texte intégral de l'article : Le service de soins à domicile, l'institution médico-sociale, le lieu de vie ou le foyer contribuent-ils à la valorisation de la figure paternelle ou entretiennent-ils, à leur insu, sa relégation au second plan ? Les réponses varient selon " le cas que fait l'institution" de la parole du père. La notion de père est approchée par le repérage de diverses fonctions : la responsabilité légale et éducative relève de la fonction sociale, la fonction symbolique régule les limites qui s'imposent à la sexualité et à l'agressivité des membres de la famille, l'espace imaginaire permet à l'enfant d'idéaliser la figure paternelle. La fonction sociale du père d'un enfant handicapé est différemment appréhendée par l'institution de soins. On observe que les actes administratifs (courriers, entretiens, prises en charge) peuvent insister sur la nécessité de la présence ou de la signature du père associée à celle de la mère ou qu'ils peuvent simplement suggérer cette participation. De façon similaire, la sollicitation et le recueil du consentement paternel (pour une intervention médicale ou un projet éducatif ou de rééducation) peuvent être révélateurs soit d'une réelle considération, soit d'une indifférence, l'accord de la mère suffisant alors à la poursuite du projet et à la " bonne conscience " de tous ! Sur le plan symbolique, le prolongement des soins de nursing, les difficultés nutritionnelles, les problèmes sphinctériens, les toilettes de l'enfant handicapé constituent autant de raisons de prolonger le " corps à corps " de la dyade mère-enfant. La relation qui s'établit dans la prise en charge entre l'éducatrice, le kinésithérapeute ou l'orthophoniste et l'enfant va, elle aussi, développer les conditions affectives, techniques, réelles et imaginaires d'une dyade. Dans l'inconscient des soignants seront mobilisés des idéaux et des vécus antérieurs liés à leur propre dépendance primaire. Il faut donc que l'institution de soins définisse le cadre symbolique garant des limites, interdisant les dérives affectives et les investissements passionnels qu'induit la confrontation au handicap. Quant au champ imaginaire, la tentation est grande pour ceux qui travaillent au " bien " des enfants ou des adolescents handicapés d'évaluer le comportement des pères. Ceux-ci sont trop souvent qualifiés d'absents, d'inconsistants, de démissionnaires… Pourtant ils ne sont pas moins touchés par le choc du handicap et par les souffrances qu'il entraîne. Il est vrai que des évitements, des retards, des oppositions peuvent susciter des malentendus et des critiques. Il importe toutefois de nous demander dans quelle mesure cette évaluation " professionnelle " n'en appelle pas à l'image d'un père idéalisé que nous conservons et que le père réel ne pourra jamais égaler. Michel Renault Psychanalyse, Président de l'Association "Terra Nova" |
Voir aussi : |
Documents numériques (1)
BM57-11.01.PDF Adobe Acrobat PDF |