Résumé :
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La dystrophie facioscapulohumérale (FSHD) est une pathologie héréditaire du muscle squelettique liée à une délétion partielle d'éléments répétés de 3,3 kb nommés D4Z4, dans la région subtélomérique 4q35. Le nombre de copies de D4Z4 varie de 11 à 100 chez les individus non atteints et de 1 à 10 chez les patients. Notre laboratoire a identifié un gène à double homeoboîte, nommé DUX4, dans chacune de ces unités répétées. Il code pour un facteur de transcription toxique que nous avons pu détecter dans les myoblastes et les biopsies FSHD et non dans les contrôles grâce à un anticorps monoclonal très sensible que nous avons développé. Nous avons contribué à l'identification d'un des gène cible de DUX4 : le gène PITX1 (paired-like homeodomain transcription factor 1) situé en 5q26. PITX1 est spécifiquement surexprimé dans la FSHD et est associé à l'atrophie musculaire, l'asymétrie gauche-droite et à l'inflammation, trois caractéristiques majeures de la FSHD (Dixit et al 2007). Notre laboratoire a aussi caractérisé le gène homologue DUX4c, 42 kb en amont des éléments D4Z4. Afin d'évaluer les effets d'une surexpression des protéines DUX4, DUX4c et PITX1 sur des myoblastes et myotubes humains en culture in vitro, nous avons construit des vecteurs lentiviraux et vérifié par western blot leur capacité à exprimer ces protéines. La transduction de myoblastes humains (immortalisés) par les particules virales recombinantes a atteint une efficacité de 80%. Des vecteurs shRNA encapsidables ont également été produits et des premiers tests ont permis de montrer leur capacité à réduire le signal d'immunofluorescence correspondant aux protéines DUX4 et DUX4c. Aucun modèle de souris transgénique surexprimant DUX4 n'ayant pu être développé à cause de sa toxicité, nous avons choisi une autre approche pour évaluer son rôle dans le muscle in vivo. Nous avons construit des vecteurs d'expression AAV et vérifié par western blot leur capacité à exprimer DUX4, DUX4c et PITX1. Nous analyserons les sections de muscle de souris injectées avec les particules virales recombinantes, suivant le modèle utilisé par l'équipe du Dr. L.Garcia (Bartoli et al., 2007). Afin de comparer (identification et quantification relative) le protéome nucléaire de myoblastes FSHD et contrôles, nous avons utilisé l'approche de spectrométrie de masse LC-MS/MS couplée à un marquage isotopique différentiel (ICPL). Pour ce faire, nous avons adapté aux myotubes primaires une technique d'extraction nucléaire compatible avec la méthode de spectrométrie de masse. Nos premières analyses ont permis de mettre en évidence une dérégulation de l'expression d'une vingtaine de protéines sur les 244 quantifiées dans les myotubes FSHD, ce qui ouvre des pistes supplémentaires dans la compréhension de cette pathologie complexe.
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