Résumé :
|
INTRODUCTION : L'appellation " myotonie congénitale " désigne les myotonies non dystrophiques dues à des mutations du gène du canal chlore musculaire CLCN1. Depuis les descriptions de Thomsen (1876) et de Becker (1957), il est clair que l'affection peut se transmettre de façon dominante dans certaines familles (formes dites de Thomsen) et de façon récessive dans d'autres (formes dites de Becker). L'identification du gène et des mutations causales a montré que certaines mutations présentes à l'état hétérozygote simple sont responsables des formes dominantes, alors que d'autres mutations ne s'expriment que sur un mode récessif lorsqu'elles se trouvent à l'état homozygote ou hétérozygote composite. OBJECTIF : Etant donné la grande variété des mutations ponctuelles de tout type (faux-sens, stop, courtes insertions ou délétions, mutations d'épissage) retrouvées lors de l'analyse moléculaire, il peut-être difficile de délivrer une information fiable sur le mode de transmission. Nous synthétisons les données des études réalisées au laboratoire et les données de la littérature afin de préciser au mieux le mode d'expression récessif ou dominant de chaque mutation. METHODE : Les données cliniques, électromyographiques et moléculaires concernant 380 familles avec au moins une mutation de CLCN1 ont été analysées de façon rétrospective. Le caractère présumé dominant (deux générations consécutives atteintes) ou présumé récessif (absence d'atteinte aux générations précédentes et suivantes) a été rapproché du résultat de l'étude moléculaire. RESULTATS : Des corrélations fortes sont retrouvées : certaines mutations faux-sens particulières ont un mode d'expression dominant; les mutations " null " (stop, courtes insertions et délétions, mutation affectant l'épissage) ont un mode d'expression récessif. Un problème subsiste pour de nombreux faux-sens rares, pour lesquels il est difficile d'exclure un effet dominant. CONCLUSION : Le plus souvent, il est aujourd'hui possible de conclure de façon fiable sur le mode de transmission au vu des mutations mises en évidence par l'étude moléculaire. Dans le reste des cas, une enquête familiale clinique, électromyographique et moléculaire reste nécessaire pour apporter une réponse fiable sur le risque de transmission du trait myotonique.
|