Résumé :
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Une étude destinée à montrer l' " effet d'une supplémentation orale en glutamine sur le métabolisme protéique de l'enfant atteint de dystrophie musculaire de Duchenne en pré-opératoire " doit commencer en octobre 2001. Financée par l'AFM et l'Inserm, elle est réalisée au Centre d'Investigation Clinique (CIC) de l'hôpital Robert Debré1 (Paris). Quid de la glutamine ? Synthétisée dans le muscle, la glutamine est l'acide aminé libre le plus abondant de l'organisme. Elle n'est pas seulement un élément constitutif des protéines, elle participe aussi à la régulation de leur métabolisme en stimulant l'anabolisme de façon spécifique. Elle constitue, par ailleurs, le carburant des tissus à renouvellement rapide (intestin, système immunitaire, tissus cicatriciels …) et intervient dans la néoglucogenèse, l'urogenèse et la régulation du métabolisme acide base. Dans certaines situations, comme dans la dystrophie musculaire de Duchenne (DMD), la synthèse de glutamine par l'organisme ne suffit pas à couvrir les besoins2. La glutamine est alors considérée comme un acide aminé " conditionnellement indispensable ". En thérapeutique, ce composant naturel de l'alimentation est un supplément azoté possédant un effet spécifique. La glutamine dans la DMD Dans DMD la synthèse de glutamine est diminuée, ce qui pourrait contribuer à l'amyotrophie (déséquilibre entre la synthèse et la dégradation du tissu musculaire)2. Chez des enfants atteints de DMD, l'administration orale de glutamine pendant 5 heures inhibe la dégradation des protéines corporelles3. Utilisée en réanimation pour limiter la fuite protéique liée au stress4, la glutamine pourrait ainsi contribuer à limiter la fonte protéique dans la DMD notamment au cours de la chirurgie, facteur accroissant la perte protéique. Le protocole d'étude Le but de l'étude randomisée, en double aveugle, débutant en octobre prochain est de démontrer que l'épargne protéique induite par la glutamine persiste pendant les dix jours précèdant un acte chirurgical chez l'enfant atteint d'une maladie neuromusculaire. Peuvent être inclus dans cette étude, les garçons atteints d'une DMD, âgés de 7 à 13 ans, ayant un rapport du poids mesuré sur le poids attendu pour la taille compris entre 80% et 120%. Un consentement éclairé signé des deux parents (éventuellement de l'enfant) est indispensable à l'entrée dans l'essai. La présence d'une pathologie aiguë est un critère d'exclusion temporaire. Une insuffisance cardiaque ou respiratoire symptomatique traitée ou un traitement corticoïde en cours constituent des critères d'exclusion définitifs. Cinquante enfants doivent être répartis en deux groupes recevant durant 10 jours, en une prise quotidienne (au cours d'un repas) sous forme d'une poudre aromatisée, l'un de la glutamine et l'autre un mélange d'acides aminés non spécifiques. Chaque enfant est exploré lors de l'inclusion et après les 10 jours de supplémentation nutritionnelle. Très sensible, la méthode d'exploration utilisée permet de mesurer la synthèse et la dégradation protéique corporelle totale. Elle nécessite une courte hospitalisation (moins de 24h) au cours de laquelle l'enfant reçoit, durant 5 heures, une perfusion de leucine et de glutamine marquées (isotopes stables, non radioactifs). La composition corporelle et la dépense énergétique sont mesurées lors des deux hospitalisations. Une biopsie musculaire est réalisée au cours de la chirurgie programmée de l'enfant afin d'étudier l'effet de la glutamine sur les mécanismes de dégradation protéique intracellulaire. Bulletin Myoline, 2001,56, p.1
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