Abstract:
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Le premier phénotype à avoir été décrit chez les patients souffrant de la dystrophie musculaire de Duchenne (DMD) est la dégénérescence musculaire progressive liée à l’absence du produit long issu du gène DMD : la dystrophine. Les différents travaux menés par la suite ont conduit à la mise en évidence d’autres troubles chez ces patients, affectant notamment leurs performances cognitives de façon non progressive. Ces travaux ont également permis de montrer que ces affections étaient liées aux produits courts du gène DMD et tout particulièrement à la Dp71. La Dp71 est le produit du gène majoritairement exprimé dans de nombreux tissus parmi lesquels le système nerveux central y compris la rétine. La découverte au milieu des années 1990, que 80% des patients DMD présentent une perturbation de la neurotransmission rétinienne, nous a conduit à étudier le rôle des dystrophines, et en particulier la Dp71 dans la rétine, à l’aide d’une souris transgénique pour laquelle l’expression de cette protéine a été invalidée. Cette étude nous a permis de montrer que la Dp71 est uniquement exprimé par les principales cellules gliales de la rétine, les cellules gliales de Müller, où elle est seulement accompagnée par l’utrophine, le produit d’un gène homologue du gène DMD. Nous avons ensuite montré que la Dp71 est responsable de la localisation de deux protéines, le canal potassique Kir4.1 et le canal aqueux AQP4 qui sont essentielles à la régulation de l’homéostasie dans la rétine. De plus, l’absence de Dp71 entraîne une augmentation importante de la mort neuronale suite à un épisode ischémique, mettant en exergue l’intervention de la Dp71 dans la régulation de l’homéostasie rétinienne. Lors de l’étude clinique de la souris déficiente pour la Dp71, nous avons découvert un autre phénomène pathologique lié à l’absence de cette protéine : une cataracte congénitale progressive. Les dystrophines n’ayant jamais été étudiées dans le cristallin, nous avons caractérisé leur expression dans cette structure et montré que la Dp71 est également le produit du gène DMD majoritaire présent. Elle est principalement exprimée à la membrane des fibres secondaires du cristallin où elle colocalise avec le ß-dystroglycane et le canal aqueux AQP0. Bien que des études complémentaires soient nécessaires, ces résultats indiquent qu’elle participe à un complexe macromoléculaire responsable de la conservation de l’intégrité de la membrane des fibres secondaires du cristallin. L’ensemble de ces travaux met en évidence le rôle de la Dp71 dans la vision, aussi bien dans un tissu nerveux, la rétine, que dans un tissu épithélial très spécifique : le cristallin.
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