Résumé :
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La fatigue figure parmi les symptômes les plus fréquemment revendiqués lors d'une première consultation neuromusculaire, cependant son origine et les mécanismes responsables de son apparition sont particulièrement diversifiés. Ce phénomène psycho-physiologique peut être aigu (i.e. la fatigue qui fait suite à un effort) ou chronique. La fatigue aiguë peut être définie par l'augmentation du coût neuromusculaire, métabolique ou psychologique, nécessaire à la réalisation d'une tâche et/ou l'impossibilité de réaliser cette tâche. Ainsi, l'augmentation de la pénibilité de la tâche et la majoration de la dépense énergétique, associées à la perte de force maximale ou à une moindre capacité à maintenir un effort sous-maximal témoignent de cette fatigue. Elle peut être inhérente à des mécanismes localisés à différents sites de l'axe sensitivo-moteur, depuis le cortex jusqu'à l'appareil contractile musculaire. En théorie, et même si ces deux types de fatigue sont interdépendantes, on distingue la fatigue centrale, impliquant les étapes situées en amont de la jonction neuromusculaire, de la fatigue périphérique. Cette dernière fait référence à l'altération de la propagation neuromusculaire, du couplage excitation-contraction, de la disponibilité en substrats ou du flux sanguin ainsi qu'aux modifications du milieu intra-cellulaire et de l'appareil contractile. L'installation de la fatigue aiguë est donc complexe et souvent multiple. En outre, il est admis que sa sévérité et l'implication des différents mécanismes à son origine sont spécifiques à l'exercice réalisé. Si aucun des sites n'est en général responsable seul des pertes de force en situation de fatigue, leur implication relative dépend du type même de fatigue. La fatigue peut devenir chronique si des charges de travail excessives (ponctuellement à l'origine de la fatigue aiguë) se reproduisent jour après jour et que la récupération est insuffisante sur le plan quantitatif ou qualitatif. L'individu peut alors être l'objet d'une fatigue générale, caractérisée par des symptômes plus indirects et pouvant même dégénérer en épuisement chronique, le " burnout " des anglo-saxons, se prolongeant parfois sur plusieurs semaines ou mois malgré l'observation, trop tardive, du repos. Pour apprécier ces dimensions composites, la fatigue peut être appréhendée par l'évaluation de la perte de capacité à produire de la force après un exercice donné, par des mesures dynamométriques ou énergétiques, par l'enregistrement de l'activité électromyographique, mais aussi par questionnaire prenant en compte la part subjective (ou psychologique) de la fatigue accumulée au quotidien. S'il est assez bien reconnu que les patients porteurs d'une pathologie neuromusculaire éprouvent des difficultés à soutenir une activité physique intense ou de longue durée, la fatigabilité rencontrée au cours des exercices d'intensité modérée ou de courte durée imposés par la vie quotidienne et exacerbée par l'évolutivité de l'affection, demeure en revanche sous estimée et mal documentée.
Fatigue is one of the most common symptoms mentioned during initial neuromuscular consultations, although its origins and the mechanisms involved are particularly diverse. This psycho-physiological phenomenon can be either acute (i.e. fatigue following a muscular exercise) or chronic. Acute fatigue can be defined as an increase in the neuromuscular, psychological or physiological cost to perform a given task and/or the inability to perform this task. Therefore, the increased perceived exertion and the increase in the energy cost of locomotion associated with loss of maximal strength or a reduced capacity to sustain a given level of sub-maximal exercise can be considered as indexes of acute fatigue. Fatigue can be attributed to mechanisms located at various sites, from the cortex right down to the muscle. In theory - and although these two types of fatigue are interdependent - it is possible to distinguish central fatigue, implying all sites above the neuromuscular junction, from peripheral fatigue, involving changes to neuromuscular propagation, excitation-contraction coupling, substrate availability and muscular blood flow, as well as changes to the intra-cellular environment and contractile structures. As a result, acute fatigue is complex and often involves several sites. Moreover, it is accepted that its severity and the involvement of the various mechanisms depends on the exercise performed. Although loss of strength in a fatigued patient cannot generally be attributed to any one single site, the sites' relative contribution also depends on the type of fatigue experienced. Fatigue can become chronic if excessive workloads (periodically causing acute fatigue) are repeated day after day and if recovery is incomplete either in terms of quality or in terms of quantity. Patients can then suffer from general fatigue, characterized by more indirect symptoms that can even develop into exhaustion or "burnout" that may persist for several weeks or months, despite the fact that the subject rests. To assess these multiple dimensions, fatigue can be evaluated by the loss of the ability to produce any strength after a given exercise, dynamometric and energetic measurements, electromyographic activity recordings, and also by questionnaires that take into account the subjective (psychological) aspect of daily fatigue. Although it is widely acknowledged that patients with neuromuscular diseases have difficulty sustaining intense or prolonged exercises, the fatigue encountered whilst performing the moderate and short-term exercises required during daily life - and that is exacerbated by the pathology's progression - remains underestimated and poorly documented.
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