Résumé :
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La dystrophie myotonique de Steinert (DM1), maladie neuromusculaire la plus fréquente de l'adulte est une affection multisystémique caractérisée par une myotonie et une détérioration progressive des fonctions neuromusculaires. Il n'existe à l'heure actuelle, aucun traitement pour les différentes formes de cette affection. Dans la forme adulte, l'atteinte musculaire se traduit principalement par une myotonie et une atrophie. Les patients présentent aussi des troubles du rythme et de la conduction cardiaques, une cataracte et des troubles cognitifs, du sommeil, de l'humeur et du comportement. Les symptômes caractéristiques de la forme néonatale que sont l'hypotonie majeure, une détresse respiratoire aiguë, des troubles de la succion et de la déglutition, et un retard du développement psychomoteur très sévère en font une entité différente de la forme adulte. Le défaut génétique de cette maladie, identifiée en 1992, correspond à l'amplification d'un triplet répété instable CTG dans la partie 3' transcrite, mais non traduite du gène DMPK, localisé sur le chromosome 19. Dans la population normale, la taille de la répétition varie de 5 à 37 CTG. Elle est stable au cours des générations. En revanche, chez les patients DM1, la taille de la répétition est supérieure à 50 CTG et augmente au cours des générations (instabilité intergénérationnelle) pour parfois atteindre jusqu'à 4000 CTG dans certaines formes néonatales. Une corrélation étroite a pu être démontrée entre la taille de la répétition, l'âge d'apparition de la maladie et la sévérité des symptômes. Par ailleurs, on observe chez les patients une instabilité somatique : la taille de la répétition de triplets CTG varie d'un tissu à l'autre et au sein d'un même tissu. Cette instabilité somatique continue au cours de la vie du patient et pourrait être corrélée à la progression des symptômes. Les conséquences pathologiques de cette expansion sont complexes et font intervenir différents mécanismes moléculaires. Il est maintenant établi que la majorité des symptômes est due à un effet toxique des ARN porteurs de l'amplification. En effet les ARN DMPK porteurs d'amplifications sont séquestrés dans le noyau sous forme de foyers d'accumulation (" foci ") et entraînent une perturbation du métabolisme d'autres ARN. Depuis la découverte de la mutation, plusieurs modèles murins ont été générés afin de comprendre les mécanismes impliqués dans la DM1. L'apport de ces modèles, différents, mais complémentaires, pour la compréhension de différents aspects de la maladie sera discuté.
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