Titre : | Prescrire ... le vaccin contre l'hépatite B |
Revue : | Bulletin Myoline, 54 |
Auteurs : | Biard E ; Desguerre I |
Type de document : | Publication AFM |
Année de publication : | 2001 |
Pages : | p. 2-3 |
Langues: | Français |
Mots-clés : | adolescent ; adulte ; données chiffrées ; effet indésirable ; enfant ; étude d'évaluation ; France ; hépatite B ; maladie autoimmune ; maladie démyélinisante ; recommandation ; Royaume-Uni ; sclérose en plaques ; vaccination |
Résumé : |
Texte intégral de l'article : Chez l'enfant et chez l'adulte atteint de maladie neuromusculaire, il n'existe pas de contre indication à la vaccination contre l'hépatite B, exception faite des maladies autoimmunes (myasthénie ou neuropathies subaigues chroniques) pour lesquelles le principe de précaution est adopté, le vaccin contre l'hépatite B restant déconseillé. Dans les autres pathologies, cette vaccination est recommandée surtout si la personne doit voyager ou si elle doit être transfusée. L'analyse soigneuse des différents cas rapportés en France et les données de la littérature ne permettent pas de montrer un lien de causalité évident entre la survenue de manifestations neurologiques en particulier démyélinisantes et la vaccination contre l'hépatite B chez l'enfant et l'adolescent. Suite à une recommandation de l'OMS, en 1994, une vaste campagne de vaccination contre l'hépatite B ciblant les préadolescents scolarisés et les nourrissons a été menée en France. En 3 ans, 6.682.000 enfants de moins de 15 ans dont 30% de moins de 7 ans ont été vaccinés. Le service de neuropédiatrie de l'Hôpital Saint Vincent de Paul (Paris) a expertisé 87 dossiers concernant des événement neurologiques signalés par la pharmacovigilance durant cette période. Un diagnostic précis de l'affection (non imputable au vaccin) a permis d'exclure 33 dossiers. Pour les 65 observations restantes, le délai entre la vaccination et la survenue de manifestations neurologiques est très variable (2 jours à 2 ans), non stéréotypé de même que le type de vaccin (Engerix, Genhevax, Hbvax) ou que la séquence vaccinale (première, deuxième injection ou rappel). Récemment, une équipe canadienne a rapporté l'absence d'augmentation des affections démyelinisantes depuis l'instauration de la vaccination chez les adolescents. Elle fournit des données épidémiologiques fortes contre un lien de causalité entre les affections démyélinisantes et le vaccin de l'hépatite B qui reste très clairement préconisé dans les pays anglo-saxons(1). La survenue d'évènements démyélinisants a été recensée rétrospectivement dans une population d'adolescents de onze à dix sept ans sur deux périodes, l'une prévaccinale (1986 à 1992) et l'autre vaccinale (1992 à 1998). L'effectif dans les deux groupes (vacciné et non vacciné) était respectivement de 288.648 et 289.646 enfants. La vaccination contre l'hépatite B a été réalisée en trois injections sur 92,7% de la population ciblée. Aucune augmentation du nombre de sclérose en plaques (SEP) ni de leucoencéphalite ou de myélite n'a été retrouvée. Au décours de la vaccination contre l'hépatite B, des atteintes démyélinisantes centrales aigues (PADC) ont été signalées chez l'adulte dès 1994. Trois études comparatives avec des cas témoins ont donc été réalisées chez l'adulte, deux en France et une en Grande Bretagne. Elles ont révélé un risque relatif de 1,4 à 1,8 selon les enquêtes et les modalités d'analyse(2). Aucun lien de causalité réelle n'a pu être mis en évidence entre la vaccination contre l'hépatite B et la survenue d'affections démyélinisantes. Deux hypothèses sont communément invoquées, soit l'association fortuite entre deux évènements (vaccination massive de 50% des adultes jeunes sur une période de quelques années et survenue de la première poussée de SEP dans cette tranche d'âge), soit le rôle favorisant de la vaccination contre l'hépatite B dans le développement d'une maladie inflammatoire démyélinisante dans un sous groupe restreint d'individus. Expérimentalement, l'activation des lymphocytes autoréactifs par un antigène exogène est connue. Une réaction inflammatoire consécutive à la vaccination conduit à une production de cytokines activant les lymphocytes T autoréactifs qui peuvent entraîner une leucoencéphalite chez l'animal. L'étude des différentes cohortes apporte des arguments pour étayer les deux hypothèses invoquées. Un groupe de 30 adultes ayant déclaré une SEP au décours de la vaccination a été étudié (hôpital de la Salpêtrière à Paris). Des caractéristiques communes ont été mise en évidence : prépondérance féminine, antécédents de SEP dans la famille et fréquence plus élevée de l'haplotype HLA DR2. A l'inverse, les 306 cas de SEP signalés en pharmacovigilance comme potentiellement liés au vaccin contre l'hépatite B ont des caractéristiques analogues à la SEP en général (sexe ratio, âge de survenue et antécédents familiaux). Parmi ces cas, aucune modalité vaccinale particulière ni délai de survenue spécifique n'ont pu être déterminés. (1) Sadovnick A, Scheifele D : " School based hepatitis B vaccination programme and adolescent multiple sclerosis " The Lancet, 2000, 355 : 549-550. (2) Walsh E and al : " A shadow falls on hepatitis B vaccination effort " Science, 1998, 281 : 630-631. |
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