Titre : | Père et mère : à chacun sa place |
Revue : | Bulletin Myoline, 56 |
Auteurs : | Reveillere C ; Biard E |
Type de document : | Publication AFM |
Année de publication : | 2001 |
Pages : | p. 2 |
Langues: | Français |
Mots-clés : | enfant ; maladie chronique ; mère ; père ; psychologie malade-maladie ; relation malade famille ; relation parent enfant |
Résumé : |
Texte intégral de l'article : L'existence simultanée et précoce des fonctions maternelle et paternelle est nécessaire au développement psychologique harmonieux de l'enfant. L'évolution actuelle des rôles de la mère et du père est telle qu'une certaine confusion tend à s'installer, cantonnant le père dans un maternage substitutif. A l'inverse, la maladie peut instaurer un maternage exclusif écartant le père. Les parents, ayant chacun leur fonction propre, créent deux types de lien précoce avec l'enfant, l'un maternel et l'autre paternel. Classiquement, l'établissement de ces liens demande que les fonctions parentales soient assumées par la mère et le père. Cependant, une seule personne et/ou des substituts parentaux peuvent tout à fait les exercer, l'essentiel étant que les deux schémas, maternel et paternel, soient offerts à l'enfant. Par ailleurs, dans la situation classique de famille dite nucléaire (fonctions maternelle et paternelle respectivement occupées par la mère et par le père), le père doit avoir la possibilité d'accéder à sa fonction. Pour certains pères, cet accès est simple et ils prennent naturellement leur place spécifique, ainsi définie par Serge Lebovici : " Sa conduite est différente de celle de la mère. Son comportement implique moins de portage proche et plus de rythmicité ". Le père intervient notamment dans une fonction de séparation, séparation de la dyade formée par la mère et l'enfant. Au cours des dernières années, parallèlement à l'évolution de la position sociologique des femmes et des mères, certains pères ont rempli, fort bien d'ailleurs, une fonction maternante. Dans cette situation de " maternage à deux têtes ", la fonction paternelle devient vacante : incomplètement prise par le père qui se laisse piéger dans une identification maternelle envahissante, sans pouvoir l'abandonner par la suite. Quoiqu'il en soit, le père doit toujours gérer le décalage des neuf mois de grossesse pendant lesquels la mère " a pris de l'avance " et le lien précoce avec l'enfant s'installe dans des temps variables. Ce délai risque d'être augmenté en cas de maladie précoce. L'enfant est alors victime d'une double privation : à celle générée par la maladie s'ajoute celle de la fonction paternelle. Dans les familles concernées par la maladie précoce d'un enfant, celle-ci intensifiant les activités de nursing et accentuant la vigilance, un " maternage exclusif à une tête " est souvent instauré par la mère. Lorsque le père est présent sans avoir accès à son enfant, la vie de celui-ci devient une histoire de femme. Ce type de relation entre une mère et son enfant malade a plusieurs raisons : la mère se considère la plupart du temps comme le seul parent indispensable et compétent ; l'homme n'ose pas prendre une place dans celle qu'il a vue occupée dans son enfance par sa propre mère et jamais par son père, même lors d'une maladie bénigne ; le milieu du travail conçoit difficilement que l'homme s'absente de son poste pour un enfant, en sachant que le travail est aussi un moyen d'éviter une confrontation trop fréquente avec la maladie. |
Voir aussi : |
Documents numériques (1)
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