Titre : | Médecine foetale : des situations complexes |
Revue : | Bulletin Myoline, 70 |
Auteurs : | Bitouzé V |
Type de document : | Publication AFM |
Année de publication : | 2004 |
Pages : | p.2 |
Langues: | Français |
Mots-clés : | accompagnement psychologique ; diagnostic prénatal ; interruption médicale de grossesse ; médecine foetale ; PSYCHOLOGIE ; relation soignant famille |
Résumé : |
Texte intégral de l'article : Les progrès des techniques d'investigation ont entraîné une amélioration considérable des diagnostics anténataux. Les progrès n'ont, cependant, pas été aussi importants dans les traitements des pathologies diagnostiquées. Parents et soignants sont confrontés à une situation toujours difficile (1). Le diagnostic anténatal est la pierre angulaire sur laquelle repose la médecine du fœtus. Les techniques d'investigation et d'analyse (échographies, génétique, biochimie) ont évolué, améliorant considérablement les possibilités diagnostiques anténatales. Par contre, les solutions thérapeutiques sont actuellement limitées. En effet, si les soignants peuvent de mieux en mieux détecter des pathologies graves ou bénignes chez le foetus, ils ne peuvent pas traiter toutes les pathologies découvertes en anténatal. Dès lors, diverses solutions s'offrent selon le cas et les possibilités : traiter l'enfant in utero, faire naître le foetus pour le traiter plus rapidement (au risque d'une naissance prématurée), dans certains cas, surveiller l'évolution de la pathologie pour permettre au foetus de continuer à se développer in utero. Lorsque le foetus est atteint d'une " pathologie d'une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic ", parents et soignants sont amenés à envisager ensemble soit la naissance d'un enfant appelé à vivre avec un handicap très sévère, soit parfois, l'interruption de la grossesse pour raison médicale (IMG). Les entretiens avec les soignants permettent aux parents de prendre conscience, de penser, de confronter les tensions et les émotions qui les envahissent. La réflexion et la prise de décision doivent se faire de façon consensuelle. La décision issue de la concertation entre parents et soignants doit être réfléchie, argumentée, mais paradoxalement assez rapide. Elle est inéluctable. Les soignants de médecine foetale sont eux aussi, soumis à des ressentis, à des doutes, à des questionnements parfois envahissants. Ils sont enthousiastes à l'idée des développements de leurs possibilités diagnostiques, mais aussi conscients des limites de leur exercice et souffrent souvent de ce qu'ils ressentent comme un excès de responsabilité. Ils doivent donc bénéficier de lieux d'expression de ces tensions. Des lieux d'élaboration collective, mais aussi individuelle doivent leur être proposés (écoute individuelle, groupe de parole, réunion d'éthique clinique…). Il est important dans cette pratique particulière, de favoriser, au sein des équipes pluridisciplinaires (2) la collaboration avec des " intervenants-tiers ". Ces derniers aideront à développer la réflexion et l'argumentation pour des décisions toujours difficiles à prendre. Ils permettront également aux soignants de mieux repérer et de mieux partager les émotions considérables auxquelles sont soumis tous ceux qui, quelles que soient leur place et leur fonction, sont en relation avec un foetus malade. Véronique Bitouzé Psychologue clinicienne Centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal, hôpital Jeanne de Flandre, CHRU, Lille (1) Véronique Bitouzé, " Le fœtus, un singulier patient : espoirs et doutes chez les soignants de médecine fœtale ", Perspective soignante, Seli Arslan, 2001, 192 p. (2) Créés en 1997 par le Ministère de la santé, les centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal sont au nombre de 23 en France. |
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