Résumé :
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Les moitiés droites et gauches du cerveau sont reliées entre elles par des axones dits commissuraux. Le développement de ces axones peut être affecté dans certaines maladies humaines ou modèles animaux, entraînant des déficits neurologiques. Alors qu'un corpus de connaissances important a été acquis sur les mécanismes moléculaires contrôlant le développement des commissures, peu d'études ont été réalisées sur leur fonction. Nous nous sommes inspirés d'une maladie héréditaire, « Horizontal Gaze Palsy with Progressive Scoliosis ». Les patients affectés ne possèdent pas de commissures caudales. La mutation se situe dans le gène Robo3, un récepteur nécessaire au développement des commissures. Nous avons généré un modèle murin permettant de décroiser artificiellement des commissures sélectionnées, consistant en la délétion ciblée du gène Robo3. Nous avons étudié divers systèmes physiologiques dans ce mutant en induisant la recombinaison de Robo3 dans diverses régions du cerveau contrôlant les mouvements oculomoteurs, l'audition, la respiration, la somesthésie et la locomotion. Nous avons observé dans chaque système des défauts spécifiques induits par le re-câblage des axones : paralysies, ataxie, désynchronisation des mouvements respiratoires, démarche de type kangourou... Nous avons observé que le décroisement partiel d'un système sensoriel, les vibrisses, conduit à une duplication de sa représentation corticale, chaque carte recevant les afférences provenant d'une moitié du corps. Ces études ont permis de caractériser un nouveau modèle murin d'une maladie humaine, et ont montré l'étendue et les limites de la plasticité du cerveau au cours du développement normal ou pathologique.
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